Référendum au Kenya : la nouvelle Constitution adoptée à plus de 67%
Près de cinquante ans après son indépendance, le Kenya a voté mercredi en faveur d’une Constitution qui remplace un texte datant de la fin de la période coloniale. Ce résultat a été salué par le président au pouvoir, le Kényan Mwai Kibaki, lui qui avait été réélu fin 2007 alors que des violences faisaient au même moment environ 1500 morts dans le pays. Alors que 70000 personnes chargées de la sécurité ont été déployées pour éviter tout incident, on ne déplore aucun trouble dans le pays durant le vote. Cette Loi fondamentale, qui devrait entrer pleinement en fonction fin 2012, doit donc redonner confiance aux Kényans dans leurs (nouvelles) institutions.
Cette Constitution, adoptée à une majorité écrasante de 67,25% selon les résultats officiels de ce jeudi, limite à deux le nombre maximum de mandats présidentiels, dont la durée est fixée à cinq ans. Un Sénat ainsi qu’une Cour suprême ont également été créés. Une réforme foncière est également prévue, et c’est sans doute le point le plus controversé et qui alimentera le plus les débats à venir dans le pays. Enfin, la Constitution préserve les libertés civiles fondamentales et renforce ainsi la démocratie dans le pays. Pourtant, dans le camp du non, William Ruto, ministre de l’éducation supérieure, a fait remarquer que plus de 60% des électeurs avaient voté contre ou s’étaient abstenus durant ce référendum, l’abstention s’élevant à 29%, appelant ainsi à une concertation afin d’amender le texte original.
L’Union Européenne, par l’intermédiaire du président du Parlement européen, Jerzy Buzek, a salué la « maturité » kényane, et Catherine Ashton a tenu à féliciter un « événement historique » pour le Kenya. L’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a pour sa part reconnu le « triomphe » du Kenya par ce vote. Barack Obama, dont le père est kényan, a également indiqué qu’il rendait hommage à un référendum « transparent », symbole d’une « étape démocratique importante pour le Kenya ». Il a fait partager sa volonté d’aider le Kenya à appliquer cette nouvelle Constitution afin d’approfondir un processus démocratique déjà en marche.
Désormais, l’avenir du Kenya semble promis à une stabilité politique ancrée dans la démocratie : nombreux sont les pays en Afrique qui pourraient s’inspirer de cet exemple, à commencer par la Somalie voisine, déchirée depuis trop longtemps. Le Kenya pourra-t-il tenir ses promesses et contribuer à la stabilité de toute l’Afrique de l’Est ? Il est peut-être encore trop tôt pour cela…